L'importance de l'acoustique verticale dans les établissements de santé

Les normes nationales dans la Santé font défaut

Dans de nombreux pays, les normes nationales, les règlementations et directives font défaut dans les établissements de santé. On peut donc dire que dans plusieurs cas de construction d’hôpitaux, d’EHPAD et de services psychiatriques, nous sommes proches du «Far West» en ce qui concerne l'acoustique. Lorsque de nouveaux bâtiments sont conçus, nous pouvons avoir de la chance, car s'il y a une norme acoustique, nous pourrons l’appliquer ; cependant, généralement les exigences communiquées portent sur un temps de réverbération court. Les anciens bâtiments sont en revanche rarement adaptés à ce critère ainsi qu’à l'activité d'aujourd'hui. Le temps de réverbération est un bon indicateur de l'acoustique d’une salle - néanmoins il est un défi lorsqu’il est l’unique descripteur.

Dans un hôpital, la  tâche complexe concerne à résoudre les «vieilles pensées» : on prend souvent comme seul critère l’évaluation de la réduction du temps de réverbération et l’on pense que traiter l’acoustique des pièces par une seule surface (bien souvent le plafond), est suffisant. Et pourtant…

Mais qu'est-ce que cela signifierait pour les utilisateurs finaux si nous cherchions à évaluer avec d'autres descripteurs qu’avec le temps de réverbération - en mettant en avant notamment l’idée de «l’acoustique verticale» ?

Que se passe-t-il quand on réalise que le traitement par des matériaux acoustique sur une surface unique est franchement  de la dernière décennie?

Etude menée au Danemark

À l'hôpital de Hvidovre au Danemark une étude a eu lieu il y a quelques années. La recherche visait à savoir quelles conséquences le traitement acoustique aurait sur les membres du personnel - et le but était de savoir si le traitement acoustique vertical permettant ainsi d’obtenir de meilleures valeurs C50 / D50 aurait un effet supplémentaire sur le comportement et les attitudes. Trois salles identiques ayant la même fonction (Bloc opératoire) ont été traitées différemment (pas de traitement, traitement au plafond, traitement du plafond + traitement des parois murales.)

Les résultats ont montré une nette tendance. Dans la salle ayant à la fois un plafond acoustique (classe A) et des panneaux muraux (classe A) le personnel se sentait moins stressé, moins fatigué et avait le sentiment de faire moins d'erreurs (!). Il était prévisible que la chambre sans aucun traitement soit la moins appréciée, mais les découvertes sur la nécessité d’un traitement acoustique verticale étaient nouvelles et intéressantes.

Nous avons besoin de plus de recherches pour en apprendre davantage sur ce qui est important pour le personnel hospitalier ainsi que pour les patients dans les établissements de santé. Néanmoins, cette étude montre toutefois qu’une évaluation avec de nouveaux descripteurs en plus du temps de réverbération pourrait être utile. Le traitement en plafond ou en plafond + murs n’ont pratiquement eu aucunement influence sur le temps de réverbération, néanmoins le critère D50 a lui eut une nette amélioration de près de 25%! La réaction subjective du personnel dans cette étude, va au delà d'une amélioration acoustique évidente de la salle. (Lire l'entretien avec les membres du personnel dans un hôpital).

Extrait d'étude - Le son, cause d'erreurs

Extrait d'étude - Le son dans la pièce me fatigue

Extrait d'étude - L'environnement sonore est stressant

Sabine et le champ sonore diffus

L’équation bien connue de Sabine est basée sur une condition théorique impossible à obtenir dans la réalité - qui est le champ sonore diffus. La solution acoustique typique dans les établissements de santé par un traitement acoustique absorbant sur une surface unique (le plafond) et sa décroissance sonore ne suit généralement pas une ligne droite théorique - mais est divisée en une première partie plus ou moins proche de la théorie et une deuxième partie pour laquelle le temps de réverbération est plus long. Par ailleurs, le champ sonore rasant ne sera pas évalué en utilisant la formule. Le temps de réverbération est communément mesuré sur une plage de 20 ou 30 dB à partir de 5 dB en dessous du niveau initial, puis extrapolée pour une plage de 60 dB. Partir de 5 dB en-dessous du niveau initial peut être problématique puisque cette partie de la décroissance sonore contient beaucoup d'informations. Il contient à la fois le son direct et les premières réflexions sonores - qui sont cruciaux pour la perception du son et la clarté du langage.

Finalement, quand on étudie la conception d’une pièce basée sur l’activité- peu importe le type de pièce – le temps de réverbération ne devrait pas être le seul descripteur.

Pour d'autres secteurs, des recherches sur de nouveaux descripteurs acoustiques se développent et la norme ISO3382-3 est un bon exemple sur la façon dont la conception de bureaux par exemple,  doit être basée en lien avec l’activité. Dans les pays scandinaves, nous voyons également très souvent l’utilisation de l’Indice de Transmission de la Parole (STI) et celui de la clarté C50 et /ou  de la définition D50 utilisés dans l'évaluation des salles de classe pour assurer une acoustique optimale en fonction des activités.