Pourquoi l’acoustique est importante dans les soins aux personnes âgées

Notre audition baisse en vieillissant. Nous ne pouvons pas entendre les sons aigus comme nous le faisions auparavant et notre zone audible se rétrécit. Cela signifie que les conversations normales peuvent être gênantes même s’il n’y a pas de bruit de fond. L’oreille âgée est beaucoup plus affectée par l’acoustique de la pièce que l’oreille plus jeune et cela peut entraîner des malentendus, de la frustration et de la confusion.

La perte d’audition liée à l’âge (presbyacousie) engendre des problèmes de communication pour environ 37 % des personnes entre 61 et 70 ans. Cette prévalence augmente à 60 % pour les personnes âgées de 71 à 80 ans(1).

Plus de consultations pour les citoyens + 80 ans

De 2009 à 2014 (au Danemark), le seul groupe de patients qui consulte davantage un médecin est le groupe de patients âgés de plus de 80 ans. Tous les autres groupes d’âge consultent moins un médecin. Les citoyens âgés de 80 ans ou plus représentent 10 % de toutes les consultations - bien qu’ils ne représentent que 4 % de la population(2).

chartEn outre, si nous examinons les coûts de la santé, nous constatons également que les citoyens âgés de 75 ans et plus arrivent en tête de liste parmi les groupes d’âge qui ont les coûts de santé les plus élevés.

Ces chiffres nous indiquent que nos établissements de santé ont de plus en plus « d’oreilles âgées » aujourd’hui qu’auparavant et que nous devons donc tenir compte de ce fait lorsque nous construisons et rénovons des salles qui devraient soutenir la communication, la guérison et les soins.

Les gens qui sont sur le plan acoustique coupés du monde extérieur perdent non seulement leur audition, ils risquent de devenir socialement et intellectuellement isolés. Moins le cerveau est stimulé, plus ses capacités sont rapidement diminuées(3).

Étude d’intervention à Århus, Danemark

Dans une clinique spécialisée dans les soins aux personnes atteintes de démence au Danemark, le bâtiment n’était pas adapté aux activités dans les chambres et à la perception auditive des personnes âgées. Les salles comprenaient toutes des surfaces dures et aucun traitement acoustique n’était utilisé. Cela générait un environnement sonore bruyant avec de longs temps de réverbération et une mauvaise clarté de la parole. Exactement ce dont vous n’avez pas besoin en matière de soins aux personnes âgées.

Collaboration avec l’Université technique du Danemark (DTU)

Dans le cadre de son projet BA, Rasmus Qupersimat Jørgensen du DTU a étudié la clinique à la fois en ce qui concerne l’acoustique de la salle, mais aussi du point de vue de la satisfaction des utilisateurs finaux.

Rasmus a effectué des mesurages acoustiques dans les salles avant et après l’installation d’un plafond acoustique (voir photo) dans l’un des bureaux/salles d’examen et il a distribué des questionnaires au personnel. De plus, il a mené un entretien approfondi avec l’un des médecins pour en savoir plus sur la façon dont l’environnement sonore affectait le personnel et les patients. 


La salle d’examen

La salle utilisée pour l’étude est utilisée pour la communication et les tests cognitifs des patients au quotidien. Souvent, les proches participent avec le patient, ce qui signifie qu’il y a plus d’un orateur à la fois.

La salle d’examen mesure environ 16 m2 et toutes les surfaces sont dures ; le sol est en bois et les murs sont en béton et en plâtre. Le plafond est une solution en placoplâtre réfléchissant le son. L’intervention consistait à changer le plafond réfléchissant du point de vue acoustique, en un plafond qui absorbe le son.

En raison des exigences en matière d’incendie et d’une faible hauteur de plafond, il n’a pas été possible d’opter pour la meilleure solution acoustique : un plafond suspendu dans un système d’ossature. Pour s’assurer que la clinique puisse toujours être à la hauteur de la réglementation du bâtiment en ce qui concerne la hauteur du plafond et les besoins en cas d’incendie, une solution collée de 20 mm a été montée (Ecophon Focus™ B).

Mesurages et lignes directrices

Les mesurages effectués avant et après dans la clinique ont révélé que même si le traitement acoustique était un compromis, il a induit un grand changement. Selon les directives acoustiques danoises pour les salles d’examen médical (BR19), il faut atteindre un temps de réverbération (T20) de ≤ 0,6 seconde (avec une variation de 20 % pour le 125 Hz) - et il ne fait aucun doute que la simple installation du plafond fait baisser le temps de réverbération à un niveau bien meilleur, presque conforme aux lignes directrices. Avant le traitement, aucune fréquence ne répond aux lignes directrices.


Clarté de la parole

Pour apporter un soutien à l’ouïe d’une personne âgée, il est important d’avoir également une bonne clarté de la parole dans l’établissement et donc la clarté C50 a également été évaluée. La clarté n’est pas encore dans la directive danoise mais sachant que la différence juste perceptible est de 1 dB, il était intéressant de voir quel impact avait le traitement acoustique. Une amélioration sur toutes les fréquences a été constatée et à partir de 350 Hz et plus - il y a plus de 5 dB de différence entre avant et après ! Sur le papier (!), cela fait une énorme différence.

 

Déclarations des utilisateurs finaux

Les médecins qui ont participé au projet étaient tous très positifs quant aux changements acoustiques de la pièce.

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Je pouvais ressentir un grand changement. Je n’ai plus à faire le même effort pour parler d’une certaine manière, la conversation est maintenant très détendue.

L’entretien approfondi avec l’un des médecins a révélé qu’avant le traitement acoustique, ils risquaient souvent de se tromper lors des tests cognitifs. Parfois, un patient peut avoir une déficience auditive sans « le montrer » - et alors le médecin peut se demander si une mauvaise réponse est due à une mauvaise audition ou à des déficits cognitifs (à cause de la démence).





(1) Baur et al., Einfluss exogener Faktoren auf Altersschwerhörigkeit, HNO 2009, Springer Medizin Verlag 2009, p1023–1028.

(2) Momentum 2015

(3) Arneborg, E., Deutsche Seniorenliga e.V., Altersschwerhörigkeit – Symptome, Ursachen, Folgen, Diagnostik, Therapie, (Age-related hearing loss – symptoms, causes, consequences, diagnosis, therapy) Ausgabe 2010; Dalton et al., 2003; Chia et al., 2007; Chisolm et al., 2004